Fondé en 2014, le club du Los Angeles Football Club a fait ses grands débuts en MLS en mars dernier et devrait être un géant du championnat nord-américain dans les années à venir. Rencontre avec JB, le fondateur du compte Twitter francophone non officiel du LAFC.
Il y a plus d’un an maintenant, avant les débuts du club en MLS, tu as créé le compte Twitter « LAFC France ». Pourquoi cette passion pour une franchise quasiment inconnue en France ?
Je suis passionné de foot depuis tout petit et, bien qu’on mon club de coeur soit bel et bien français, j’ai toujours été intéressé par des championnats peu médiatisés, plus « exotiques » comme la J.League ou la MLS. J’ai commencé à suivre cette dernière en 2004/2005, à l’époque où Landon Donovan jouait encore à San Jose et Youri Djorkaeff aux MetroStars New York (les New York Red Bulls d’aujourd’hui). Pour autant, je ne m’étais pas accroché à un club en particulier, je regardais les résultats d’un oeil et je m’amusais à faire des saisons en MLS sur Championship Manager (à l’époque, nous n’avions pas tous les moyens que nous avons aujourd’hui pour suivre les matchs ou voir les résumés).
Concernant le LAFC, j’ai commencé à suivre le club il y a quasiment deux ans maintenant, l’identité visuelle définitive du club venait tout juste d’être présentée (réalisée par le talentueux Matthew Wolff qui est derrière les collections de la France et du Nigéria pour la dernière Coupe du Monde ou encore la toute récente collection PSG X Jordan), il n’y avait pas de joueurs, pas d’entraîneur mais un projet qui fédérait d’ores et déjà les Angelenos par le biais de nombreux événements organisés par ces derniers et par le club.
A ce moment-là, le sportif n’entrait pas directement en ligne de compte car il n’était pas concret, mais le fait de voir naître ce club et de voir toutes ces personnes se l’approprier aussi vite a créé chez moi une affection pour cette nouvelle franchise, affection qui m’a poussé à aller plus loin et à partager cela.
Tu as suivi l’évolution du club, de sa genèse à ses grands débuts en MLS. Peux-tu nous expliquer le projet du club et ses ambitions ?
Le projet du LAFC a été lancé suite à la dissolution du Chivas USA (qui était basé à Carson, comme le LA Galaxy) en octobre 2014. L’idée était alors de combler la place laissée vacante avec une nouvelle franchise à Los Angeles qui disposerait de son propre stade au coeur de la ville.
A ce titre, le club a souvent été qualifié de Chivas 2.0 par ses détracteurs, mais le travail réalisé par le board (dont certains grands noms du sport américain comme Magic Johnson ou Mia Hamm) et par le staff technique (chapeauté par John Thorrington) a montré que la franchise ne serait pas la continuité du Chivas mais bel et bien le club de Los Angeles.
Au cours des trois années ayant suivi l’initialisation du projet, j’ai pu observer une véritable cohérence dans ce qui était entrepris, tant au niveau institutionnel que sportif. L’équipe dirigeante a créé une franchise ambitieuse (l’objectif étant d’aller chercher le titre) fondée sur des bases solides avec des installations modernes (un stade dédié de 22.000 places et un centre d’entraînement), la création d’une académie pour les jeunes (qui a obtenu de très bons résultats cette saison) et la constitution d’une équipe mélangeant jeunesse et expérience de la MLS encadrée par un grand nom du football américain : Bob Bradley.
Tout ce processus a été mené en gardant toujours à l’esprit l’identité du club : Los Angeles et les supporters.
Cette nouvelle franchise qui dispute sa première saison Major League Soccer affiche des résultats très satisfaisants et se place dans le haut du classement de la conférence Ouest. Des performances prévisibles ?
Bien que tous les ingrédients ont été réunis dès le début pour avoir une franchise solide sur tous les points, de telles performances étaient peu prévisibles dans le sens où la création d’une équipe, d’un point de vue sportif, est un processus qui peut prendre du temps et qui ne présente aucune garantie de réussite. C’est donc globalement une excellente surprise de voir le LAFC batailler dans les 3 premières places à l’Ouest et de quasiment s’assurer une place en playoffs dès cette année.
A ce stade, le LAFC peut encore battre le record d’Atlanta du plus grand nombre de points obtenus en saison régulière pour une équipe d’expansion.
Malgré la précocité de cette équipe, le LAFC peut se targuer d’avoir une philosophique de jeu ?
La philosophie de jeu instaurée par Bob Bradley est assurément offensive. La plaque tournante des différents schémas utilisés cette saison est logiquement Carlos Vela autour duquel tout le jeu gravite. Lors des premiers matchs, c’était d’ailleurs assez surprenant de voir un jeu offensif aussi fluide pour une équipe qui se découvrait.
Le Los Angeles FC a choisi Carlos Vela, André Horta & Diego Rossi comme joueurs désignés. Hormis l’ancien attaquant d’Arsenal, ce ne sont pas forcément des profils très médiatiques. Des choix surprenants non ?
Si ces choix avaient été faits il y a 5 ans, la réponse aurait été oui. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et de nombreuses franchises (dont notamment les dernières franchises d’expansion) font le choix d’utiliser leurs slots de joueurs désignés pour des bons joueurs évoluant en Europe (comme Giovinco, Vela ou les frères dos Santos) ou des jeunes qui évoluent en Amérique du Sud (Almirón, Barco ou encore Rossi).
Cette tendance est bien plus saine et cohérente sportivement parlant pour les franchises dans la mesure où ces dernières disposent de joueurs qui ont, soit une expérience européenne non négligeable et encore du coffre, soit un potentiel important qui peut s’exprimer dans les meilleures conditions.
Cette tendance est également bénéfique pour la MLS qui peut enfin se détacher de l’image que l’on a en France de « ligue de retraités ». Bien sûr, des stars en fin de carrière rejoignent toujours des franchises de MLS, mais la tendance s’inverse peu à peu.
Carlos Vela, star de l’équipe, s’est parfaitement intégré en MLS. L’attaquant mexicain fait-il partie des meilleurs joueurs du championnat selon toi ?
Sa première saison est clairement une réussite et il fait assurément partie des meilleurs joueurs de la ligue. Il a été nommé capitaine lors du dernier MLS All-Star Game contre la Juventus et est actuellement le meilleur buteur et le meilleur passeur du club (il est d’ailleurs l’un des rares joueurs de la ligue à avoir plus de 10 buts et 10 passes décisives à son actif). Son intégration s’est parfaitement déroulée et on peut légitimement avoir le sentiment qu’il s’épanouit pleinement sous ses nouvelles couleurs.
Quelles sont les forces de cette équipe ? Ses faiblesses ?
Comme j’ai pu l’évoquer plus haut, la véritable force de cette équipe est son potentiel offensif. Meilleure attaque à l’Ouest actuellement, l’équipe affiche, depuis le début de la saison, un jeu offensif efficace et très agréable à regarder avec des phases de transition très fluides.
A contrario, sa plus grosse faiblesse se trouve au niveau défensif et plus précisément sur le manque de concentration à certains moments. Si Tyler Miller (notre gardien titulaire) a régulièrement sorti des belles prestations (alors qu’il ne partait pas titulaire à l’origine), nous avons perdu de nombreux points en fin de match en raison d’errements défensifs. Ce n’est donc pas une question de talents mais vraiment de concentration, voir de mental dans certaines rencontres comme lors du premier match contre le LA Galaxy où nous menions 0 – 3 à la mi-temps pour finir par perdre le match 4 – 3 … Malgré cela, la défense est loin d’être catastrophique, mais c’est assez rageant de perdre des points bêtement alors que la victoire est à portée de main.
La communication du LAFC ne semble pas s’axer sur Carlos Vela, malgré sa puissance médiatique. Une stratégie étonnante ?
Je ne serai pas aussi affirmatif sur le sujet. Il est vrai qu’aujourd’hui la communication du club met surtout en avant le groupe et les supporters (il n’y a qu’à voir les lives d’avant et d’après match qui mettent systématiquement en avant ces derniers), mais Vela reste tout de même la star du club et bénéficie à ce titre d’une visibilité supplémentaire (notamment dans le cadre de certaines campagnes médiatiques ou du partenariat noué avec les Los Angeles Dodgers).
Disons que son image était bien plus mise en avant au début de la saison, lors de son arrivée et que cela s’est un peu estompé au fil de la saison.
Le club a construit un stade de 22 000 places situé à Los Angeles spécialement pour le football. Tu penses que l’engouement pour le soccer sera suffisant pour remplir cette enceinte ?
Au regard de l’engouement qu’il y avait autour de la franchise avant son entrée en lice, je n’avais aucun doute là-dessus. Aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux-mêmes : guichets fermés à tous les matchs.
L’architecture et la conception globale de ce stade sont vraiment sublimes. Tu peux nous parler un peu de cette nouvelle enceinte ?
Le Banc of California Stadium était un élément central du projet et le résultat est effectivement sublime. C’est un stade entièrement dédié au football (ce qui était encore rare en MLS il y a quelques années) qui a une capacité cohérente avec l’état de la MLS actuellement (même si je pense que 3.000 places de plus n’auraient pas été de trop) et une tribune latérale debout de 3252 places (c’est d’ailleurs pour cette raison que le groupe réunissant tous les groupes de supporters s’appelle « The 3252 »). Cette tribune fait d’ailleurs la particularité de ce stade car aucune franchise (à l’exception d’Orlando) ne dispose de ce type d’installation.
Le club a également bâti une académie pour les jeunes joueurs. C’est un véritable symbole d’une volonté de développer le soccer sur le long terme aux Etats-Unis…
C’est effectivement un point à mettre en avant et qui rentre dans une volonté globale de promouvoir et développer le football aux Etats-Unis. C’est également nécessaire pour encrer le club dans la culture de la ville et pour assurer l’intégration future de jeunes joueurs issus de Californie.
Aujourd’hui, l’académie couvre trois tranches d’âge (U-12, U-13 et U-14) et s’illustre déjà par ses résultats (les U-13 ayant remporté la Champions League de la zone CONCACAF cette année).
Souvent décrié en Europe, le niveau de la MLS reste cependant une vraie interrogation. Comment tu l’évalues ? Les critiques négatives sont-elles justifiées ?
Je pense que les critiques sont encore justifiées dans la mesure où le niveau reste assez moyen globalement. Si le spectacle est là (rares sont les matchs qui terminent à 0 – 0), il reste encore un gros travail à faire tactiquement. Toutefois, les choses évoluent dans le bon sens et l’arrivée d’entraîneurs ayant une certaine légitimité dans le monde du ballon rond comme Tata Martino, Bob Bradley ou encore Domènec Torrent (l’adjoint historique de Pep Guardiola) abonde dans ce sens.
La MLS grandit et s’améliore au fil des années, le virage entrepris par de nombreuses franchises sur le recrutement est, à mon sens, une parfaitement illustration de cela, tout comme la construction de stades exclusivement dédiés au football. Je pense sincèrement que la MLS pèsera dans quelques années dans le monde du football, qu’elle attirera de plus en plus de jeunes qui souhaiteront se former là-bas et qu’elle gagnera beaucoup en visibilité.
Et sinon, tu as des contacts avec les dirigeants, les joueurs… du club ?
J’ai eu l’occasion d’échanger brièvement avec certains joueurs (notamment Laurent Ciman qui est récemment parti découvrir la Ligue 1 avec Dijon) ainsi qu’avec le responsable des relations supporters mais rien de plus.
Aujourd’hui, quels sont tes objectifs avec ce compte ? Tu as projets qui arrivent ?
Commencer par reprendre l’activité de manière plus active (ce qui n’a pas été possible récemment) et pourquoi pas, à termes, écrire des articles plus détaillés et créer des contacts avec les gens sur place et le club.