Tout est parti d’un hashtag pour Emilie Ros. Digital Manager dans une agence de communication sportive et consultante pour France Bleu Paris, cette adepte des réseaux sociaux a lancé le hashtag #Meufdefoot sur Twitter qui fédère aujourd’hui une vraie communauté de passionnées du ballon rond. Retour sur le parcours étonnant et les projets ambitieux d’une entrepreneuse.
Avant d’évoquer #Meufdefoot et tes (nombreuses) activités, peux-tu te présenter et nous décrire ton parcours ?
Je suis Emilie Ros, j’ai 37 ans et je viens de Creil. J’habite à Paris depuis une dizaine d’années. Je suis Digital Manager chez Uniteamsport (communication, web et réseaux sociaux dans le Sport et l’eSport). J’ai un parcours professionnel très axé sur la communication et je suis comblée aujourd’hui de pouvoir évoluer dans le milieu du sport et surtout du foot. Je suis une footeuse, supportrice, spectatrice mais certainement pas joueuse !
Pour identifier, rassembler et fédérer toutes les filles qui suivaient le football sur Twitter, tu as lancé un hashtag : #Meufdefoot. Aujourd’hui, plus qu’un simple hashtag, c’est une grande famille ?
C’est une communauté de ouf ! Une famille passionnée par des clubs différents, qui partage sa passion sur les réseaux sociaux. Ce qui me surprendra toujours, c’est la bienveillance entre les meufs qui utilisent le hashtag #MeufDeFoot. On se vanne forcément (c’est l’ADN foot, je pense) mais on se soutient et on se suit avec le même amour du ballon rond. Humour, expertise, analyse, supporterisme, chacune a sa façon de parler foot et c’est cette complémentarité que j’aime par-dessus tout.
As-tu été surprise par l’engouement suscité par ce hashtag ?
Surprise ? Mais carrément ! Quand j’ai commencé à utiliser ce hashtag, j’étais seule aha. Et très honnêtement, c’était un marqueur pour identifier mes tweets et mes publications liés au foot. Un peu comme un marqueur de ligne édito tu vois ? Et puis, quand j’ai constaté que cela parlait à d’autres meufs et qu’elles l’utilisaient : quel pied !
Avec cette popularité grandissante, tu as décidé de déposer ce hashtag communautaire comme une marque. Pourquoi ?
Comme ce n’était pas calculé, je t’avoue que je n’ai pas de souvenir de ma « première fois », mais j’ai dû commencer à utiliser le hashtag en 2014 et, avant l’Euro 2016, j’ai été contactée par des marques, médias qui voulaient utiliser #MeufDeFoot. Là j’ai pris peur, car ce hashtag devait rester communautaire et surtout conserver ses valeurs, mes valeurs. J’avais peur que #MeufDeFoot devienne un « gadget » ou soit mal « utilisé »… De ce fait, j’ai déposé la marque Meuf de Foot (et #MeufDeFoot) auprès de l’INPI. Le hashtag reste communautaire et cela me protège d’utilisation « bizarroïde » que certains pourraient vouloir en faire.
Est-ce que cela a été difficile de passer d’une communauté sociale à une marque, sans délaisser les valeurs fondamentales de cette première ?
Honnêtement sur les réseaux sociaux, je pense que la différence ne se sent pas (enfin, j’espère). J’ai dû, par contre, expliquer que le fait que cela devienne une marque ne devait pas restreindre les meufs qui aiment le foot à l’utiliser. C’est un hashtag avant tout communautaire !
D’ailleurs, avec l’équipe de PKfoot, tu as lancé une collection de vêtements en 2018. Avais-tu des envies avec cette collection, une vision particulière ?
Figure-toi qu’en 2018, j’ai eu un rappel de l’INPI m’indiquant que je n’avais toujours pas exploité ma marque : rien de concret n’avait été créé avec cette marque. Là, ça a été le coup de flip. Je me suis dit « Mais qu’est-ce que je vais en faire ? Je ne vais quand même pas sortir des tee-shirts #MeufDeFoot ! Personne ne les portera ! »
J’ai la chance d’être bien entourée, avec ma famille, mes amis et les premières #MeufDeFoot qui ont rejoint le hashtag : Laurence, Sabrina, Fatou, Soraya… Tout ce petit monde, si précieux, m’a encouragée. Je connaissais Sébastien et Julien du blog PKfoot, ils ont été les premiers à croire en ce hashtag dès sa naissance alors j’ai décidé de m’associer avec eux pour sortir une collection textile #MeufDeFoot et pour lancer des modèles Homme et Enfant, afin de vraiment parler à l’ensemble des supporters : https://meufdepkfoot.myshopify.com/
Aujourd’hui, nous sommes fiers de créer nos modèles en France, en coton bio (T-shirt Corner). Nous produisons à la commande, pas de stock. Et, notre cible ? Les amoureux du ballon rond !
L’évolution de cette marque a été fulgurante et a notamment connu un beau succès pendant la Coupe du monde 2018… Comment fais-tu pour continuer à la développer et à te renouveler ?
On écoute beaucoup nos « clients ». On nous a demandé des modèles pour les enfants, alors on les a créés. On nous a demandé des modèles #MeufDeFoot déclinés par ville de club de Ligue 1 Conforama, alors on les a créés. Aujourd’hui, nous comptons plus de 20 modèles.
Nous avons collaboré avec des graphistes pour faire évoluer le « style », pour sortir des modèles en lien avec l’actualité du foot ou avec ses références comme le modèle « ENCORE » avec deux étoiles ou encore le « Y A PAS VAR », dans l’objectif de faire en sorte que chacune, chacun puisse trouver son modèle en visitant la boutique !
Pour rappel, tous les modèles sont disponibles en version Femme et Homme car oui, nous vendons aussi des modèles #MeufDeFoot à des hommes.
Aujourd’hui, comment vois-tu l’avenir de cette marque et des collections à venir ?
C’est assez fou comme aventure, on va fêter la première année de la boutique alors qu’on n’imaginait pas passer la Coupe du monde 2018. Je t’assure, c’est fou ! L’avenir, je n’en sais rien. On s’éclate avec ce « bébé » qui nous tient à coeur sans avoir des ambitions d’une multinationale. Ce qu’on veut : parler aux supporters, véhiculer nos valeurs et notre amour du foot.
La plus grande joie de ce projet ?
Il y en a plusieurs : la première commande inoubliable (merci à @MdameNinie, une #MeufDeFoot monégasque) et les premiers passages TV… Mais aussi quand tu reçois des sms de ta famille, de tes amis pour te dire : « Il y a ton tee-shirt à la TV meuf, c’est ouf !!! ». D’ailleurs, merci à Candice Rolland et Estelle Denis de la chaîne l’Equipe qui soutiennent encore et toujours le collectif #MeufDeFoot.
Une quotidienne en #meufdefoot aujourd’hui. Tic @Emilie_Ros ❤️🙏🏼 pic.twitter.com/zqI2HbtgeV
— Charlotte Namura-Guizonne 💙 (@CharlotteNamura) February 7, 2019
La plus grande difficulté ?
Ne pas perdre d’argent aha. Avec mes associés, ce n’est pas notre activité principale et ce n’est pas un business que nous maîtrisons sur le bout des doigts. Produire en France, de bonne qualité, sans stock, ça a un coût, le coût de nos valeurs alors nous l’assumons. Nous communiquons à date uniquement sur nos propres réseaux sociaux. Nous savons également que nous avons un cap à franchir pour toucher encore plus de monde.
Ce n’est pas ton activité principale, tu es également Digital Manager dans une agence de communication spécialisée dans le sport/eSport et consultante pour France Bleu Paris. Peux-tu nous parler de tes journées très captivantes ? Comment t’organises-tu pour tout gérer ?
Mes journées sont longues mais captivantes, c’est clair ! J’ai plusieurs casquettes : mon job, la radio, mes activités sur les réseaux sociaux et ma marque.
Ma priorité dans l’agenda, c’est Uniteamsport, mon job que j’adore. J’ai la chance d’avoir un boss, Jean-François Royer, qui comprend toutes mes activités et me laisse m’éclater dans tous mes projets, c’est une chance, croyez-moi.
Tous les lundis à 17h30, c’est France Bleu Paris et #TribunePSG avec Bruno Salomon. On couvrait aussi tous les soirs de matchs du PSG en Ligue des Champions mais ça, c’était avant le 6 mars 2019… Cela fait 2 saisons que j’ai rejoint l’équipe de Bruno et que je découvre le média qu’est la radio : c’est incroyable ! Parler foot, parler du PSG mon club de coeur à la radio : un combo magique.
Le soir, généralement, je couvre des événements sur les réseaux sociaux. Mais je n’aime pas parler d’influence car comme le dit si bien mon cher papa : « Ma grande, la seule personne que tu influences, c’est peut-être ta grand-mère » aha. Et quand je rentre (tard), on s’organise avec mon associé Julien pour gérer les commandes de la boutique. Je donne aussi des cours à l’ESG Sport au stade Jean Bouin sur la communication. J’espère d’ailleurs que si mes élèves font bien « leur veille », ils liront cette interview aha.
Résultat : je ne dors pas assez mais j’ai la chance de vivre des expériences uniques. Je ne viens pas de « ce monde-là » donc je savoure tout en gardant le sens des priorités. La famille, les amis, les gens de ma vraie vie… c’est la priorité. Et quoi que je puisse vivre, mater un match de foot dans mon salon avec mon copain, ça reste le top du top pour moi.
Avais-tu prévu ce parcours professionnel ?
Pas du tout ! Chaque étape de mon parcours est liée à une rencontre, à une opportunité non préméditée. Je suis mon instinct et surtout je ne veux m’entourer et suivre que des personnes bienveillantes. Je suis certainement passée à côté de « grosses opportunités », car je ne le sentais pas ou je ne sentais pas de bienveillance. Je vis avec deux principes : d’une part, mes valeurs et d’une autre part, se dire que tout peut s’arrêter demain.
Twitter joue un rôle très important dans ta vie, ta carrière et tes projets. Selon toi, c’est le meilleur outil pour communiquer actuellement ?
Twitter est et restera mon réseau social préféré, malgré tous les trolls et les « rois des avis non sourcés » que je refuse de considérer. Pour moi, Twitter, c’est le réseau de la punchline, de la bonne vanne, du bon mot… Sur Twitter, normalement, tu n’as pas besoin de mettre un selfie pour avoir des likes… C’est pour moi le réseau social le moins narcissique. Tu discutes, tu partages, tu t’informes. Mais attention, Twitter ce n’est pas la vraie vie. Il faut savoir s’en détacher et ne pas tomber dans la course aux followers…
J’ai l’impression que communiquer sincèrement sur Twitter est primordial pour toi. C’est la clé de la réussite sur les médias sociaux ?
Sur Twitter, je parle comme je suis. Être sincère est pour moi la base d’une bonne communication tout en faisant attention à ne pas nuire ou faire du mal à une personne en tweetant. Mon frère me suit sur Twitter et il est mon baromètre de vie. Je sais que si un jour je perds mon authenticité, il saura me le dire direct ! On est franc du collier dans la famille aha.
Sur Twitter, tu es également très active et enthousiaste concernant la prochaine Coupe du monde féminine qui se déroulera en France en juin prochain. Que penses-tu de l’intérêt médiatique pour le football féminin ?
EN-FIN ! Il était temps que les médias s’intéressent au football féminin non ? Au fond de moi, ça me fait marrer aussi de « les » voir tous s’intéresser au foot féminin à 2 mois de l’événement… Eh ouais les gars, va falloir (enfin) s’y mettre et réviser, ça arrive vite aha. Et, en même temps, je kiffe voir cette émulation ! On a la chance de vivre une Coupe du Monde en France, c’est un événement hors-norme. Le football, c’est des émotions collectives. On va vibrer ensemble et soutenir nos Bleues jusqu’au bout !
Révélation de l’affiche officielle @FIFAWWC #DareToShine
(Avec le crâne de @viinsky360 j’avais pas le bras assez long @borisradojcic 🤷🏻♀️) #MeufDeFoot pic.twitter.com/LmBtJBGUJO— Emilie Ros (@Emilie_Ros) March 8, 2019
D’ailleurs, cette compétition sera un réel rendez-vous pour cette génération. L’équipe de France peut-elle la remporter ?
Je suis chauvine, j’aime les Bleues et donc je ne suis absolument pas objective : oui, l’Equipe de France peut gagner la Coupe du Monde. Point barre.
Tu es également consultante à France Bleu Paris. L’occasion pour moi d’évoquer le club parisien et son actualité…
Le PSG ne gagnera donc pas la Ligue des champions cette saison… Une surprise ?
Dès le début de saison, j’avais dit dans Tribune PSG que ce n’était pas cette année, que l’année prochaine serait la bonne (même si ça me file une haine inconsidérée de voir les joueurs qu’on aligne et les résultats qu’on affiche). C’est le mental qu’il faut bosser. Le mental collectif. L’amour du maillot. Quand tu joues au PSG, j’imagine que tu te vois sur le toit du monde mais en vrai, aujourd’hui, tu es sur le toit de la France et de la Ligue 1 Conforama.
Dernièrement, tu t’es montrée très élogieuse envers le management de Thomas Tuchel, notamment dans sa gestion avec Neymar. L’entraîneur allemand était le choix idéal pour le PSG ?
J’ai découvert Thomas Tuchel à son arrivée au PSG. Avant je ne le connaissais pas, du moins je ne l’avais pas « analysé » ou je ne m’y étais pas intéressée. J’ai eu peur à la lecture de son CV puis je l’ai vu évoluer dans le groupe et j’ai découvert son management avec les joueurs. Il les fait jouer à n’importe quelle place sauf la leur et ça passe… Enfin jusqu’au match retour contre Manchester United, bien que cela ne soit pas le positionnement des joueurs que je remette en cause.
Aujourd’hui, j’espère juste que Tuchel va rester, car son année va être sombre. Il aura cumulé peu de titres… la Ligue 1 Conforama restant le seul championnat dans lequel le PSG se différencie vraiment, ce qui est tout de même assez incroyable quand tu mates les joueurs qu’on affiche…
Marco Verratti enchaîne les belles performances sous le maillot du club de la capitale… L’italien est-il (enfin) en train de passer un cap cette saison ?
Je crains que Verratti soit arrivé à son maximum. J’apprécie ce joueur et j’aimais ce qu’il formait avec Motta. J’aime sa pugnacité mais je ne crois pas que nous découvrirons une autre facette de lui. Il revient à sa belle forme et ça fait plaisir, mais de là à s’envoler je ne crois pas. S’il me fait mentir, alors vas-y fonce Marco et vends-moi du rêve !
Que penses-tu du cas Adrien Rabiot ?
Le cas Rabiot est bien complexe. Ce sujet m’agace, car la communication, les décisions, les réactions nous font oublier le sportif. Comme n’importe quelle séparation, arrêtons de faire traîner les choses, donnons la raison de la séparation et bon vent ! J’aimerais tellement comprendre ce que Rabiot a dans la tête, quel est son projet ?!
Le problème dans tout cela, c’est ce qu’on retient de lui depuis des mois : « le cas Rabiot » et qu’on ne l’a pas vu courir sur le terrain depuis des lustres. C’est ça qui me gonfle dans le football. Encore une fois, cela souligne cette « incapacité » de gestion de mon cher club de coeur…
Sur le terrain du marketing, qui est la vraie star du PSG ?
Neymar. Il a une envergure internationale, il est un personnage. Pour moi, c’est la star marketing.
Quel(s) conseil(s) peux-tu donner à des jeunes entrepreneurs ?
Accrochez-vous ! Croyez en vos idées ! Sachez vous entourer ! Et surtout, prenez le temps de réfléchir et d’écouter : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Ton coup de coeur du moment ?
Pour le football, c’est le Stade Rennais et son parcours en Europa League cette saison !
Sinon, mon coup de coeur du moment : je découvre la série Gilmore Girls sur Netflix. Cette série a 1000 ans mais je me régale ! Enfin c’est un coup de coeur honteux, je crois aha.
As-tu des projets qui arrivent ?
Avec la Coupe du Monde Féminine qui arrive, je vais avoir des projets sympas qui vont sortir. Mais je ne peux pas encore en parler donc c’est relou aha.
Si tu devais délivrer une passe décisive…
Je fais une passe dé à Eric Choupo-Moting car je veux croire en lui ! Je ne lâcherai pas… J’y crois aha.
Crédit photo à la une – Christophe Abramowitz