Faro vient de dévoiler son dernier ouvrage intitulé « Allez Paris, la folle histoire des Princes du Parc », une bande dessinée pleine d’humour et de rebondissements qui retrace les épisodes marquants de l’histoire du Paris Saint-Germain depuis l’arrivée des Qataris au club en 2011. À cette occasion, il a accepté de répondre à nos questions. Rencontre avec un dessinateur talentueux.
Avant d’évoquer ton dernier ouvrage, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Je m’appelle Faro et je suis dessinateur de presse. J’ai commencé ma carrière professionnelle comme graphiste puis directeur artistique multimédia. J’ai envoyé quelques dessins à divers journaux et sites web, ils ont aimé mon travail et j’ai donc commencé comme ça. Cela fait une bonne quinzaine d’années maintenant.
Après les succès de « Bleus 98 » et de « Deschamps 1er, roi des Bleus », tu as souhaité aborder l’histoire du Paris Saint-Germain depuis l’arrivée des Qataris au club en 2011 avec cette bande dessinée intitulée « Allez Paris, la folle histoire des Princes du Parc ». Quelles étaient tes envies et tes motivations avec cette œuvre ?
Ça fait longtemps que je dessine sur le PSG. En France, c’est surtout ce club qui fait l’actualité. Au fur et à mesure de mes dessins, les personnages de Nasser et de l’émir du Qatar sont devenus mes personnages fétiches et des vrais petits héros de BD. Et puis, mes amis journalistes à France football m’en parlent depuis longtemps de cette BD. Je pense que c’était le bon moment pour franchir le pas et réaliser cet ouvrage.
Ma nouvelle #BD reçue aujourd’hui… si avec ça je choppe pas le grand prix d Angoulême (ma #liguedeschampions à moi) c est à n’y rien comprendre 😜🤓😎😉 #psg pic.twitter.com/b78r8pMSyT
— Faro dessinateur (@Farodessinateur) 25 avril 2019
La nouvelle désillusion du PSG en Ligue des champions cette saison face à Manchester-United a-t-elle été un déclic pour la réalisation de cette bande dessinée ?
Non, pas du tout… De toute façon, les délais pour faire une BD sont tellement conséquents qu’en commençant le projet je n’avais aucune idée de l’état du PSG au moment de sa sortie. Le club parisien aurait pu connaître une désillusion habituelle ou, au contraire, un grand succès. Je dois dire que ça m’est un peu égal au fond, car je raconte l’histoire du PSG, à ma façon, avec humour. Je ne suis ni supporter ni adversaire, mais ce club me fascine par sa capacité à tout faire à l’envers… Dans le même temps, je souhaite au PSG de réussir un jour, ça serait une belle revanche.
J’ai l’impression que la quête éternelle de la Ligue des champions pour le club parisien a été le point de départ, mais également le fil conducteur de l’histoire de cet ouvrage… Peux-tu nous expliquer ton processus de création ?
C’est forcément le fil conducteur. Je m’en tiens aux dernières années, sauf pour les deux premières pages de présentation. Donc oui, tout tourne un peu autour de la Ligue des champions. Cependant, je ne voulais pas un récit chronologique. Je souhaitais plutôt aborder différents thèmes comme les grands joueurs, les grands entraîneurs, le PSG en Ligue 1… Après bien évidemment, l’unique objectif de ce club, le Graal même, c’est la Ligue des champions et c’est un désir presque obsessionnel qui se ressent forcément dans l’album.
Dans cette histoire pleine d’humour, Nasser Al-Khelaïfi est l’un des personnages principaux et apparaît comme une marionnette de l’émir du Qatar. Pourquoi ce choix ?
Effectivement ! Comme je l’ai dit précédemment, ce sont mes personnages fétiches. Au fil du temps, ils se sont imposés à moi comme deux héros à part entière et j’ai façonné la personnalité de Nasser de cette façon. C’est forcément réducteur, mais ça m’amuse et cela colle bien avec la situation actuelle du PSG.
L’émir du Qatar, pas épargné non plus, se comporte comme un enfant qui a un grand pouvoir et de grandes responsabilités… As-tu été inspiré par des personnages existants comme Ubu de la pièce de théâtre d’Alfred Jarry, par exemple ?
Concernant l’Émir, ce n’est pas le propriétaire actuel que je dessine, mais plutôt son père qui a acheté le PSG avant que son fils lui succède. Tu vois, au fil du temps, je n’ai pas fait évoluer le personnage et ça m’amuse plus comme cela. D’ailleurs c’est marrant, car personne ne m’en a jamais fait la remarque. Ça colle bien au PSG je te dis.
Je n’avais pas pensé à la référence d’Ubu Roi, mais maintenant que tu m’en parles, oui il y a un peu de ça… Cela doit être inconscient. De toute façon, il y a du Laurel et Hardy dans ces deux-là, du Asterix et Obelix ou encore du Boule et Bill. Pour moi, ils font un vrai duo de BD, de dessin animé… C’est un bon duo comique en tout cas.
Tu abordes également le fair-play financier, la suspension de Michel Platini par la FIFA, la jalousie des dirigeants de la Liga… Une façon pour toi de mettre en exergue la malhonnêteté des instances du football ?
Comment parler football sans mettre en avant ses travers ? Dans tout ce que je fais, il y a toujours une place pour cet aspect des choses et je pense que dès qu’on aborde le sujet des instances, les malversations viennent automatiquement.
À mon sens, cela apporte aussi un juste-milieu dans cette histoire afin qu’elle ne soit ni pro-PSG ni anti-PSG… Était-ce un souhait de ne pas prendre position ?
Plus qu’un souhait, une évidence. Comme je te l’ai dit, je ne suis ni pro-PSG ni anti-PSG, je raconte une histoire. Je m’amuse souvent des réactions des supporters au sujet de mes dessins, car pour eux je suis parfois Parisien, parfois Marseillais… En réalité, je suis Niçois.
Au fil du temps, ceux qui me suivent et me connaissent ont pu se rendre compte que j’étais neutre dans mon humour. J’aime rire de tout, surtout des choses drôles, et nos clubs de football en France sont très efficaces pour ça… plus que sur le terrain d’ailleurs. Une fois qu’on a compris que c’est juste l’actualité qui me fait réagir, on accepte le principe suivant : si je me moque plus du PSG, c’est parce qu’ils fournissent plus de matières.
As-tu eu une réflexion pour préserver un certain équilibre dans ton œuvre entre les informations et la satire ?
Ça, c’est purement une gymnastique de l’esprit. Je fonctionne comme ça dans tous mes albums et dans tout ce que je fais généralement, il faut accepter mon délire. Tout est vrai dans ce que je raconte ou pourrait l’être.
Parfois dénigré, le registre comique est un art complexe et subtil. Comment arrives-tu à raconter une histoire, trouver un rythme, utiliser des procédés comiques… tout en gardant une cohérence ?
Je crois que la cohérence vient de ma bonne connaissance des sujets que je traite… Je me laisse parfois emporter par l’humour, le délire, mais au fond je suis assez cartésien et je me raccroche toujours aux branches de la réalité. C’est ce dosage qui fait que ça reste lisible.
Tu dessines également sur l’actualité sportive pour la presse comme L’Équipe… L’information quotidienne nourrit-elle ton inspiration ?
Complètement, c’est mon quotidien. D’ailleurs, tout ce que je fais en matière de BD a un lien avec l’actualité. Je fais de la BD éphémère. Le support du livre me sert à raconter des histoires liées à ce que je raconte au quotidien dans la presse, ça me permet d’aller un peu plus loin, mais c’est assez similaire finalement.
Avec cette impertinence, as-tu eu des retours des personnes caricaturées ?
Oui ! J’ai longtemps préféré ne pas côtoyer les personnes que je caricaturais. J’avais l’impression qu’en les connaissant, je perdrais un peu de mordant. Avec le temps et surtout mon travail sur la chaîne L’Équipe, j’ai été amené à avoir un peu plus de proximité avec mes « victimes ». Du coup, j’ai fait de belles rencontres et j’ai eu des retours très positifs… Tu sais lorsqu’on a le nez dans le guidon, on ne se rend pas vraiment compte de l’impression qu’on dégage. J’ai donc appris que j’étais perçu comme un homme « pas méchant dans ce qu’il faisait » et c’est finalement assez juste, je pense. Donc pour répondre à la question : oui, j’ai eu des retours et ils ont été positifs.
Pour toi, c’est quoi une bonne satire ?
Exposer une simple vérité en provoquant le rire.
Le dessin dont tu es le plus fier ?
C’est une question à laquelle j’ai toujours du mal à répondre… Je vis tellement dans l’instant et j’en fais tellement que je les oublie. Je pourrais te dire que mes dessins sont comme mes enfants, que je ne peux pas choisir, mais c’est faux, je n’ai pas des milliers d’enfants. Parfois je tombe par hasard sur un truc de moi et je me dis : « Ah mais oui, c’est drôle ça ».
Par contre, un dessin pour le Ballon d’Or que Franck Ribéry n’a pas remporté a eu un succès fou. Il a été vu des millions de fois et partagé un peu partout dans le monde. Il faut dire qu’il était sans paroles. J’étais en Espagne lors de sa parution et un gars me le montre en disant : « Tiens, tu es français, regarde ça ! ». Je ne vous raconte pas sa surprise quand je lui ai dit que j’étais l’auteur de ce dessin.
Tu es également un supporter inconditionnel de l’OGC Nice. Peux-tu nous parler de ton amour indéfectible pour le club de ta ville natale ?
Ah mais c’est très personnel ça, ça ne s’explique pas. J’ai découvert le football avec mon grand-père dont j’étais très proche. Quand je partais en colonie de vacances, il m’écrivait des lettres avec les résumés des matches ou les nouvelles sur les transferts. D’une certaine façon, l’OGC Nice me rattache à lui. Curieusement, mon fils a la même fibre niçoise alors que nous vivons assez loin de Nice.
As-tu des projets qui arrivent ?
Oui, ma vie est faite de projets ! C’est sans cesse un renouvellement et c’est comme ça que j’aime fonctionner… Mais pour l’instant, je ne peux pas en parler.
Si tu devais délivrer une passe décisive ?
Alors pour rester dans le sujet football, je dirais que je suis très foot féminin en ce moment. Je viens de faire quelques dessins sur le sujet et j’apprécie vraiment. Avec la Coupe du monde, j’aimerais beaucoup qu’on parle des filles. Je ne vais pas en citer une particulièrement, mais je vous laisse entre Wendie… Amandine… Eugénie… Delphine…