Arsenal, le faux départ ?

Crédit photo - adidas

Arsenal a annoncé vendredi dernier dans un contexte délicat le limogeage d’Unai Emery ainsi que son remplacement temporaire par Freddie Ljungberg. Devenu inévitable et réclamé par de nombreux supporters, le départ du technicien basque soulève de nombreuses interrogations sur la situation actuelle et future des Gunners. Arsenal French Club, un collectif de 14 passionnés du club londonien, a accepté de répondre à nos questions.

Après une saison et demie en Angleterre, Unai Emery n’est plus l’entraîneur d’Arsenal. Comment jugez-vous son bilan à la tête du club londonien ?

Prometteur au début et catastrophique à la fin. La saison dernière aurait pu être très belle, mais la non-qualification en Ligue des Champions et la mascarade en finale de la Ligue Europa ont fait sombrer Arsenal et Unai Emery. Unai Emery n’a finalement pas apporté grand-chose au club alors qu’il avait toutes les cartes en main.

J’ai l’impression qu’il n’a pas réussi à imposer sa vision et façonner une équipe à son image… Le technicien basque a-t-il été trop frileux ?

Je pense qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Jusqu’à la fin de saison dernière, les résultats étaient quand même présents et sa gestion était peu critiquée… À partir d’une défaite face à Crystal Palace à domicile, le 21 avril 2019, le coach basque a perdu les pédales et son vestiaire avec. Il s’est ensuite enfoncé dans ses choix et ses décisions. Son bilan comptable à l’extérieur est une preuve de sa frilosité. À l’extérieur, Arsenal avait peur sous Unai Emery. En alignant souvent des équipes défensives et en laissant la possession à l’adversaire, Unai Emery a été l’un des grands artisans de nombreux revers. Il n’a jamais vraiment réussi à façonner son équipe. Aucun fan d’Arsenal ne pourrait vous définir le “Style Emery”.

Selon vous, Unai Emery n’a donc jamais réussi à assumer le lourd héritage d’Arsène Wenger, notamment dans l’identité et la philosophie de jeu…

Il y a quelques fulgurances en début de saison dernière et nous avons cru retrouver le grand Arsenal avec des séquences incroyables. Je pense notamment à deux buts d’anthologie : Pierre-Emerick Aubameyang contre Leicester et Aaron Ramsey contre Fulham. Cependant, trop souvent, les intentions de jeu n’étaient pas présentes et Arsenal affichait un visage sans vie. Arsenal est obligé de produire du beau jeu, c’est l’héritage de Wenger. Unai Emery n’avait donc pas les épaules pour reprendre les commandes des Gunners après 22 ans d’Arsène Wenger.

Fréquemment contestée et parfois injustement moquée, la communication d’Unai Emery a-t-elle été l’une des causes de ce climat devenu délétère et de cette séparation ?

Les reproches ne concernent pas sa manière de parler ou son accent, car les Anglais sont bien plus respectueux que les français là-dessus, mais sa gestion humaine et par conséquent sa communication globale. D’ailleurs, Arsenal French Club a écrit de nombreux articles sur ce sujet. Il y a trois joueurs qui prouvent cette gestion catastrophique : Aaron Ramsey, Mesut Özil et Granit Xhaka.

Dès son arrivée, Aaron Ramsey et Mesut Özil ne faisaient pas partie des plans du Basque. Le milieu allemand, malgré ses coups d’éclat et sa classe, a rapidement ciré le banc pour son manque d’investissement et est vite devenu le symbole d’un désamour entre les supporters d’Arsenal et Unai Emery. Aaron Ramsey, un joueur phare des dernières années Wenger, a lui aussi chauffé le banc alors qu’il était décisif lors de chaque entrée en jeu. Finalement, le Gallois est parti libre à la Juventus. Enfin, pour Granit Xhaka, il été nommé capitaine en septembre alors que l’équipe était malade et qu’il a tendance à péter les plombs. Unai Emery ne lui a pas fait un cadeau. J’ai résumé rapidement, mais la gestion de ces trois joueurs par Unai Emery est restée en travers de la gorge de nombreux fans d’Arsenal.

Pour finir sur sa communication, il n’a jamais réussi à mettre en place ses principes et à trouver la bonne formule. Pour prendre un exemple concret, je me souviens d’un match à l’Emirates cette saison dans lequel le latéral droit des Gunners cherche une solution et ses trois coéquipiers près de lui sont arrêtés et lui indiquent une direction complètement différente pour une passe. C’est assez révélateur de la situation générale sous Emery. Ces problèmes viennent forcément des séances d’entraînement et de la communication entre le coach et ses joueurs.

Malgré l’intérim de Freddie Ljungberg, le club anglais doit-il s’activer pour trouver le remplaçant d’Unai Emery ?

Pour l’instant, ce n’est pas la question. Le club a besoin de stabilité pour ne pas reproduire les erreurs de Manchester United lorsque Sir Alex Ferguson a pris sa retraite. Tous les noms possibles sont déjà sortis dans la presse, mais le Board a déjà indiqué qu’il ne mettrait pas une somme faramineuse pour son nouvel entraîneur. De plus, pour ne pas reproduire ce problème de communication lié à la barrière de la langue, le prochain coach devra maîtriser l’anglais. L’option Allegri, tant souhaitée par beaucoup, semble donc improbable.

Aujourd’hui, Freddie Ljungberg a repris le club en main, donc laissons-lui le temps de s’installer et d’assurer l’intérim. C’est un Invincible qui est resté de nombreuses années à Arsenal. Il connaît parfaitement les valeurs du club. De plus, il connaît les jeunes pour les avoir entraînés avec l’Academy. Enfin, il est respecté et a du charisme. Sa nomination est donc logique pour assurer une continuité et faire le lien avec les jeunes du club. La présence de Per Mertesacker à ses côtés est cohérente.

Trop friable, le secteur défensif est-il le véritable point noir du club depuis quelques saisons ?

Je ne pense pas avoir besoin de trop m’attarder sur cette question. La réponse est oui, évidemment. Tout le monde peut le voir, le chantier est colossal et l’arrivée de David Luiz n’a rien changé. Aujourd’hui, tous les défenseurs d’Arsenal semblent perdus et dans la pire forme de leur vie. Freddie Ljungberg sait ce qu’il a à corriger et nous espérons voir de meilleures performances défensives dans les semaines à venir.

Selon vous, quel serait l’entraîneur idéal pour les Gunners ?

Si les performances sont présentes et que son manque d’expérience ne lui fait pas défaut, Freddie Ljungberg peut être cet entraîneur idéal. Un homme charismatique qui connaît le club, qui a presque tout gagné avec Arsenal sous Wenger, qui est porté vers l’attaque et qui fait jouer la jeunesse : cela ressemble au coach parfait. Mais si les résultats ne sont pas là, tout le monde voudra sa tête rapidement sans lui laisser le temps de s’imposer.

Le club a-t-il besoin d’un électrochoc ?

Le club avait grandement besoin d’un électrochoc, depuis des années. On pensait que la retraite d’Arsène Wenger et l’arrivée d’Emery pouvaient être cet électrochoc. Visiblement, non. Il faut quelque chose de plus stable et régulier pour faire revenir Arsenal au premier plan.

Quel rôle joue aujourd’hui le Board d’Arsenal, souvent jugé trop prépondérant ?

Aujourd’hui, Josh Kroenke (le fils du propriétaire Stan Kroenke) semble avoir pris les commandes du club. On a encore vu son implication lors du licenciement d’Emery avec sa présence à London Colney pour parler avec les joueurs et le staff. Depuis cet été, Josh Kroenke semble avoir décidé de prendre les choses en main et de montrer aux fans qu’il veut qu’Arsenal redevienne compétitif. Avant, sous son père, c’était plutôt Arsène Wenger qui gérait tout et Stan Kroenke était satisfait tant que l’argent rentrait. Arsenal est un peu la vache à lait de l’Américain. Depuis cet été, la situation est un peu différente…

Les supporters du club soulignent souvent un manque de clarté des intentions. Comment pouvez-vous définir la stratégie du club ?

C’est souvent le cas avec les actionnaires majoritaires, malheureusement. Ils n’ont aucune obligation de dévoiler leurs projets, certains aspects financiers… Par exemple, l’été dernier, on ne sait pas si Stan Kroenke a mis la main au portefeuille. Il ne faut pas se leurrer non plus, Arsenal est une belle marque sur la planète football qui génère un beau business et elle permet ainsi de signer de nombreux partenariats juteux – qui fleurissent depuis 2 ans. Nous savons pertinemment que Stan Kroenke n’est pas devenu majoritaire pour avoir un club qui pratique un beau football, c’est avant tout du business. Cependant, il semble avoir compris l’été dernier la nécessité d’entretenir sa poule aux œufs d’or, car, contrairement aux différentes franchises de sports américains qu’il détient, il doit avoir des résultats avec Arsenal.

Avec son fils qui a pris davantage de poids au sein du club, la prise de pouvoir de Raul Sanllehi avec Vinai Venkatesham, Huss Fahmy et l’arrivée d’Edu, le projet d’Arsenal est plus cohérent. Après, il falloir se montrer patient. L’erreur de casting avec Unai Emery n’a pas été très bien digérée par le Board. Arsenal va avoir besoin de temps pour redorer le canon sur son blason et nous savons tous que la patience n’est pas une qualité très développée chez un supporter, encore plus chez un Gooner.

Malgré une nouvelle orientation stratégique orchestrée par Raul Sanllehi, directeur du football à Arsenal, la gestion salariale interroge grandement. Qu’en pensez-vous ?

Raul Sanllehi est arrivé lors d’une période difficile. Il doit composer avec les erreurs commises avant son arrivée et la mise en place d’une nouvelle stratégie nécessite du temps. Il n’est pas responsable du salaire versé à Mesut Özil, par exemple. Il a également expliqué sa volonté d’en finir avec les joueurs dont les situations contractuelles sont défavorables pour le club (par exemple, Aaron Ramsey). Le club ne peut plus se retrouver pris en otage par des joueurs et des agents qui demandent des sommes folles. La masse salariale a été allégée l’été dernier avec les nombreux départs. Le Board a quand même bien manoeuvré au niveau gestion, on ne peut pas dire le contraire. Malgré le sportif qui ne suit pas forcément, le business a été bon avec de l’équilibre, des investissements intéressants et des paiements étalés. Certains contrats vont également se terminer, des joueurs seront vendus… Arsenal a encore besoin de temps pour récolter le fruit du travail de Sanllehi, Fahmy, Vinai et Edu.

Doté d’un salaire astronomique et auteur de performances mitigées, le départ de Mesut Özil est-il inéluctable ?

Pensez-vous réellement qu’un club peut lui offrir le même salaire ? Il se sent très bien à Londres et au club, sûrement encore mieux après le licenciement d’Emery. À part un événement incroyable, Mesut Özil ira au bout de son contrat en 2021. En attendant cette fin de contrat, il faut qu’il retrouve la confiance et le plaisir de jouer. Un Özil au top niveau, c’est merveilleux.

Arsenal est-il devenu un club banal de Premier League ?

Difficile d’être totalement objectif. Quand on aime quelqu’un ou quelque chose, on a du mal à voir la vérité et je pense qu’Arsenal ne sera jamais un club banal. Il a une identité forte, une marque puissante, une histoire profonde. Cependant, il est évident que pour continuer à faire vivre les souvenirs, il faut des résultats aujourd’hui et des moments marquants. Cela fait longtemps que nous n’avons plus connu cela. Par exemple, ne pas voir Arsenal en Ligue des Champions est forcément très dur. De plus, la Premier League est de plus en plus compétitive et puissante, donc c’est difficile de combler le retard sur les très gros clubs qui ont énormément dépensé pendant des années et certains petits qui ont désormais une grosse attractivité.

Quelle(s) évolution(s) souhaitez-vous pour ce club ?

Il va falloir du temps et énormément de travail. Le but avec Emery était de l’inscrire dans un projet à long terme et construire petit à petit, mais sa gestion humaine a eu raison de lui. Il faut relancer la machine. Il faut également cesser de vivre dans le passé, accepter les difficultés et travailler sans relâche avec des personnes de confiance et compétentes, comme toutes les entreprises humaines finalement. Nous savons qu’Arsenal ne sera pas prétendant au titre de Premier League la saison prochaine.

Votre onze de rêve d’Arsenal ?

Je ne vais pas être très objectif… Nous sommes nombreux dans l’équipe et je vais sans doute créer des tensions, mais voici mon équipe de rêve : Jens Lehmann – Lee Dixon – Sol Campbell – Tony Adams – Ashley Cole – Freddie Ljungberg – Patrick Vieira – Gilberto Silva – Robert Pirès – Thierry Henry – Dennis Bergkamp

Les remplaçants : David Seaman, Marc Overmars, Martin Keown, Sylvain Wiltord, Ray Parlour, Tomáš Rosický, Santi Cazorla.

Pour conclure cette interview, pouvez-vous nous décrire vos envies avec votre collectif ?

Nous sommes 14 personnes, toutes bénévoles et réunies par la passion et l’amour d’Arsenal. Nous sommes présents sur plusieurs réseaux sociaux et sur notre site internet. Nous avons des rédacteurs, des personnes chargées de faire suivre les matchs à notre communauté, des traducteurs, des community managers, un infographiste pour les visuels… C’est une véritable rédaction ! Nos objectifs sont simples : parvenir à relater l’actualité du club, mais également créer du contenu de qualité pour les personnes qui suivent et aiment Arsenal, comme nous. Notre équipe est composée de journalistes professionnels, d’étudiants ou encore de salariés. Chaque personne possède un profil différent et c’est ça qui apporte quelque chose d’unique à la rédaction.

Aujourd’hui, quels sont vos objectifs ? Avez-vous des projets qui arrivent ?

Nous avons plusieurs projets, dont certains doivent rester secrets pour l’instant ! Dernièrement, nous avons participé à l’organisation de la venue de Mattéo Guendouzi chez Adidas à Paris et ce fut une très bonne expérience et une reconnaissance de notre travail quotidien. La suite est de poursuivre notre travail, de continuer à prendre du plaisir et de partager ce plaisir avec les personnes qui nous suivent. Et pour les autres projets, vous le saurez bientôt !

Si vous deviez faire une passe décisive…

Il y a du talent sur les réseaux sociaux. Les mœurs et les traditions sont tenaces dans le journalisme sportif par exemple, mais nous ne sommes plus forcément obligés de faire des études ou de suivre un cursus professionnel tracé. Les jeunes générations utilisent de plus en plus les réseaux sociaux pour interagir et comprennent que de nombreux supporters sont dans la capacité de proposer un vrai travail, comme des professionnels. Les réseaux sociaux permettent parfois de casser certaines barrières afin de pouvoir vraiment échanger et de construire des choses intéressantes. Il y a des gens talentueux partout, dans tous les domaines et il ne faut pas se mettre des limites. Chez Arsenal French Club, on ne se met jamais en avant en tant que personne via notre travail, mais en tant qu’entité. Du coup, nous n’avons pas envie de mettre en avant une personne, mais tous les anonymes qui travaillent et partagent leurs passions. Petit clin d’œil à God Save The Foot quand même, car on partage la même vision du travail et de la passion.

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